• Nous sommes ici et là

     

     

    La grande aventure de ce disque

     

    L’action : faire un disque

    Les lieux : grenoble et ses environs, fritland, pays basque espagnol

    Les personnages: l’ami du parc, loro de san sebastian, l’ours qui dessine, celui qui habite au dessus du local de répète, l’homme à la guitare, les revengers, jesus fils de castor, fantomette, la copine de fontaine, le 103, un grand ami, toi qui passes furtivement ou qui t’attardes…

    L’époque septembre 2009 jusqu’à heu… septembre 2010

     

    -apparté- 2005… entre copines, enfermées dans une cave, on rêve à quand un jour on fera un disque qui ira sur une platine vinyle, et que ce sera trop chouette… en attendant, c’est chouette aussi

    Septembre 2009

    L’une se ballade dans un parc avec un ami ; à un moment, la discussion part sur un nouvel enregistrement des revengers. On aimerait bien en refaire un, que ce soit un CD et aussi un vinyl, on adorerait que ce soit un pote à san sebastian qui nous enregistre (el loro, le perroquet), mais bon, tout ça coûte des sous, faut voir…

    Le pote rappelle que dans la vie, on a qu’à se faire plaisir. Dit comme ça, forcément, ça a l’air simple…

     

    Octobre 2009

    On fait un concert dans la charmante bourgade de saint amant roche savine. On parle d’enregistrement, et une copine dit qu’elle trouverait ça cool qu’on en fasse aussi un vinyle. Un gars au bar affirme alors que ça se vendrait bien, surtout qu’on est des meufs…. Petite envie de vomir...

    Novembre 2009

    On commence à répéter dur, on a fait deux nouveaux morceaux qu’on aimerait bien enregistrer ; on tergiverse un peu, puis on écrit au pote du pays basque pour savoir s’il peut et veut nous enregistrer. On reçoit une missive d’un ami (du parc) qui nous encourage à nous lancer dans ce projet, nous propose d’y participer financièrement et de nous aider pour la pochette, il fréquente un ours qui dessine.

    Décembre 2009

    El loro de san sebastian est motivé, l’ours et l’ami du parc vont nous proposer de trucs pour la pochette ; on pourrait même la sérigraphier chez eux, à Fritland

    Janvier 2010

    On répète avec les doigts tout froids, mais celui qui habite au dessus du local de répète nous amène parfois du thé chaud, c’est cool ! (ouais ouais, emmener les amplis en luge et dégager les entrées du local de répète à la pelle à neige, ça nous connaît) on essaye de préciser un peu nos idées sur la pochette, mais c’est pas évident. On discute beaucoup de la manière dont on veut faire ce disque, on parle de prix, de coût, de valeur, de sens… on écrit différents textes, mais y’en a pas un qui nous parait refléter correctement tout ça…

    Février 2010

    C’est que ça approche… on contacte nos potes de mordor, maison hantée près de Bilbao pour les motiver à venir faire des trucs sur ce disque, et ça a l’air de bien leur dire. On se bouge avec des potes pour trouver du carton, de la peinture… les premiers dessins nous arrivent de Fritland, on discute, on propose, on dispose… la note de téléphone en prend un coup !

    Mars 2010

    La camionne nous lâche au dernier moment, après la 38ème réparation de fortune, des espoirs et désillusions successives… fantomette nous prête son bolide turbo in extremis, ça y est, on part !!! Dernières répètes, puis on arrive chez nos potes avec cette mission : créer ensemble un morceau. On a deux jours ! Le dernier soir, on enregistre en live, on et 12 à jouer dans l’atelier de lutherie, c’est chouette ! le lendemain on part pour san sebastian où on passe 5 jours enfermées dans une cave à se rendre compte qu’on est pas super au point… hem hem… l’homme à la guitare vient enregistrer une mélodie, il était temps, vu le nombre de fois où on nous a demandé où était notre guitariste.

    Jesus, fils de castor, nous rejoint pour enregistrer une ligne de base southparkienne. On rentre bien crevées, puis on repart le lendemain à fritland pour aller sérigraphier la pochette, toute terminée, toute belle, ma qué !!!....Grosses journées (plus de 3000 passages en 4 jours !), les potes qui passent avec des bras tout neufs pour faire du relais, la maman de l’ami du parc qui a récupéré des cintres pour faire sécher les cartons, les bonbons au caramel pour qu’on soit au top… on tripe bien sur ce que ça rend !

    Quelques plantages, les calques qui prennent l’eau, beaucoup de ratés, la peinture qui imprime à des endroits pas prévus… des dizaines de pochettes à frotter à l’acétone, des frites à la véganaise en attendant la voiture partie à la fourrière le dernier jour… et une impro musicale pleine de heu… surprises…

    Avril 2010

    Ça y est, le premier master est arrivé ! Passés les premiers moments où ça fait toujours trop bizarre de s’écouter, on est finalement pas trop mécontentes. On note avec application toutes les modifications qu’on aimerait y apporter, et on envoie tout ça à notre patient et perfectionniste ingé son. Les premières pages du livret sont aussi arrivées ; d’une main experte et sensible, une amie de fontaine écrit à la main nos paroles et les illustre. Née des paroles inventées par nos amies basques sur Caracol, nous sérigraphions une affiche, pour la glisser dans le vinyle et dans la ville…

     

    Ete 2010

    Encore et encore de la sérigraphie, des dessins, des textes, du massicot… un grand ami nous dit qu’il envisage de participer financièrement à ce disque .On fait un tas de sous dans un petit coin, que l’on complètera au moment du pressage du vinyl. Un premier master, un deuxième, un troisième… chacun-e y met son grind de sel. Avec des ami-e-s comme ça,on se fout bien d'voir des enemis!

    Bon, l’ennui, c’est que plus le son est bon, plus on entend les pains, mais comme ça, les gen-e-s seront préparé-e-s aux concerts !

     

    Septembre 2010

    Ca tombe bien, des potes sont là ! On assemble tous les morceaux au 103, le test pressing du vinyl est arrivé, on fignole les derniers trucs…c’est la rentrée, on a tout ça entre les mains, c’est plus seulement des idées et des envies, ça devient un objet mais pas une marchandise, parce que parce que parce que…

     

    En attendant qu’il n’y ait plus d’argent, ce disque n’a pas de prix. On ne veut pas mettre nos tripes sur la table, et puis une étiquette avec un prix dessus.

    S’il en avait un, il faudrait trouver un moyen de le fixer d’une manière ou d’une autre. Le coût purement matériel n’a pas vraiment de sens, on se débrouille avec de la récupe, des poches larges et discrètes ; l’usure du matériel de sérigraphie, l’eau et l’éléc de l’atelier ça coûte aussi, et pourtant on l’a pas payé ; l’usage du studio d’enregistrement, on y a participé financièrement par contre. Et puis la boite qui presse les vinyles n’est pas spécialement dans un délire du moindre coût, c’est une boite quoi ! Alors on compterait dans le prix coûtant uniquement les trucs chers imposés par la société marchande, et on vous ferait payer ça ? mouaimouaimouai…

    S’il en avait un, on pourrait l’évaluer en fonction du temps passé. Et y’en a ! Des journées de bien plus de 12 heures parfois Mais nous ne sommes pas des salarié-e-s du disque autoproduit ; l’argent pour vivre, nous le trouvons ailleurs que dans des rémunérations liées à des objets politisés faits avec passion (poil au…)

    On pourra y passer un temps plein ou tous nos congés payés, ce disque n’a pas l’odeur putride du salariat au SMIC, de l’auto exploitation enrobée d’argent, ni le goût douceâtre des « faut bien manger », « faut bien vivre », une chose est sûre, on en vit pas mais on le vit, ça oui ! On ne rémunère pas le temps passé dessus parce que ce n’est jamais du temps perdu

    Le fait de faire cela dans des différents Pétaouchnoks lointains, ça fait forcement des coûts supplémentaires de déplacement, mais bon, c’est des choix à nous, on aurait pu faire autrement, alors pourquoi le répercuter sur un prix ?

    Ce qu’on met dans l’addition d’un prix coûtant ne va pas de soi, ce sont de vrais choix

    En fait il aurait pu être gratuit, mais la gratuité dans ce monde a plein d’effet bizarres comme la négligence, la surconsommation… difficile parfois de garder intact tout ce que cet objet a de précieux s’il est présenté comme gratuit. Et puis ce n’est pas un outil promotionnel non plus.

    Ce disque n’a pas de label, pas d’intermédiaire, de producteurs extérieurs, il ne profite à personne, n’est la propriété de personne. Ces airs sont libres, ils ne sont pas déposés chez une institution semi privée qui veille à ce que personne ne s’en serve sans cracher de la thune. Quand nous les faisons, nous gardons au maximum les choses sous notre contrôle pour que ça nous échappe peu. Mais par la suite elles n’appartiennent à personne pour que tout le monde puisse se les approprier.

    Ce n’est qu’un disque d’un groupe de copines, qui existe depuis plus de 4 ans maintenant. Mais c’est aussi pas mal de temps et de passion, de connivences, de complicités, d’épreuves et de pétages de plombs, de moments forts et de pic nics intenses. Près d’un an de gestation et de retroussage de manches, ça passe vite mine de rien.

    On avait envie de vous raconter un peu comment ça c’est passé pour faire ce que vous avez entre les mains, parce qu’il est difficile parfois de se rendre compte de la valeur d’un objet, et que pour nous ça représente beaucoup d’avoir pu le faire, de cette manière et avec ces ami-e-s là.

    Et on espère qu’il vous plaira !

    Ze revengers,septembre 2010

     

    La foie des morues soulève des montagnes